L'affaire du pain maudit
Quoi de plus français que de passer un bon repas avec du pain. Fort d'une immense popularité, le pain s'invite à presque toutes les tables et est un excellent moyen pour toucher un maximum de personnes. Il suffit d'un petit grain de sable dans les rouages de la fabrication du pain et les conséquences peuvent être affreuses à l'instar de l'affaire du pain maudit. Cette affaire nous fait remonter en 1951, dans la ville de Pont-Saint-Esprit dans le Gard, où les habitants commencèrent à n'être plus sain d'esprit.
Le 16 août 1951, la ville de 4500 habitants voit ses 3 médecins sollicités par un grand nombre de cas de frissons, de vomissements, de bouffées de chaleur et d'hallucinations. Les docteurs suspectent alors une intoxication alimentaire au vue des symptômes et cherchent à en déterminer la cause. Dès les 3 premiers jours, 5 morts sont à déplorer, ce qui ne manque pas d'inquiéter la population et les autorités. Le 21 août, c'est 130 personnes qui sont intoxiquées et 6 personnes qui se font hospitalisées dont 3 enfants. La nuit du 25 au 26 août, c'est 23 personnes qui sont internées pour cause d'hallucinations et des personnes se défenestrent. Au total, entre 200 et 300 personnes ont été contaminées, il y a 5 à 7 morts et autour de 30 personnes sont internées pendant plusieurs mois. Inutile de dire que la psychose est présente.
Cette histoire donna lieu à de nombreuses spéculations et ressort en 2009 quand le journaliste américain Hank P. Albarelli Junior avance sa théorie personnelle liant cet accident au projet Bluebird de la CIA. En pleine guerre froide, le projet Bluebird était un projet de recherche sur des techniques d'interrogatoire avancés et la quête d'un fameux sérum de vérité. De nombreuses études ont été poussés dans le cadre de ce programme sur les drogues et notamment le LSD dont une grande dose peut causer vomissements, frissons, hallucinations... cela ne nous rappelle-t-il pas quelque chose ? 4 jours après le début des incidents, le projet Bluebird se refait une santé et se renomme projet Artichoke pour brouiller les pistes, suspect... Le projet Artichoke deviendra un sous-projet de MK-Ultra, un projet visant à développer le contrôle mentale ou en tout cas, influencer le comportement humain. Bien que MK-Ultra débute en 1953, on peut spéculer sur des expérimentations déjà à l'époque de Bluebird. En outre, en 1995, Bill Clinton s'excuse au nom des États-Unis des expérimentations faites sur des cobayes involontaires dans son pays et à l'étranger. Au final, le raccourcit est vite fait. Est-ce une pure coïncidence ?
C'est sûr que c'est alléchant et rend tout de suite l'histoire plus complexe, alléchante et intéressante. Mais l'affaire est néanmoins plus triste et banal. Nous sommes dans l'après guerre et la pénurie a suivi l'occupation allemande et les dévastes de la guerre. Des départements comme le Gard sont plus orientés sur la vigne que sur le blé et doivent donc importer leur farine depuis les autres départements voire même à l'étranger. La demande est grande en farine et la matière première est rare, les prix sont donc élevés. Des meuniers peu scrupuleux n'hésitent pas à profiter de la situation et mélanger leur farine bonne facture avec des produits de moindres qualités pour augmenter les lots à vendre. La justice remonte alors à Maurice Maillet, un meunier qui aurait mélangé sa farine avec du seigle avarié. Or, dans le seigle avarié, on trouve de l'ergot de seigle, un champignon parasite du seigle qui contient de l'acide lysergique dont le dérivé le plus connu est... le LSD. Manger de l'ergot de seigle cause une maladie nommée ergotisme qui donne exactement les mêmes symptômes que ceux mentionnés plus haut. Maurice Maillet avoua sa malversation et les habitants acclamèrent cette arrestation.
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